Un chiffre, deux lettres : EI ou EURL. Derrière ces acronymes, deux routes radicalement différentes pour qui décide de s’installer à son compte. La première, revisitée par la loi de février 2022, bouleverse les repères avec une nouvelle frontière entre patrimoine privé et professionnel. La seconde, l’EURL, installe son cadre plus strict, jalonné de statuts à rédiger et d’une gestion comptable plus corsetée. Entre ces deux univers, chaque détail compte : protection, fiscalité, ambitions. Le choix ne relève pas du hasard, mais d’une stratégie mûrie, et parfois, d’une bonne dose d’anticipation.
Comprendre les fondamentaux : EI et EURL, deux cadres pour entreprendre seul
Avant tout, l’entreprise individuelle (EI) s’adresse à celles et ceux qui veulent se lancer en solo, sans associé, sans passer par la case société. Ici, le créateur agit en son nom propre : une seule personne physique, des démarches réduites à l’essentiel. L’immatriculation s’effectue auprès du Guichet Unique de l’INPI, l’affiliation à la Sécurité sociale des indépendants suit. Pour beaucoup, le régime de la micro-entreprise représente la voie royale : il s’applique à l’EI, et parfois même à l’EURL, facilitant la création d’entreprise et réduisant la charge administrative. Simplicité, oui. Mais impossible de multiplier les EI : un seul exemplaire par personne.
La création d’une Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée (EURL) marque un changement de dimension. L’entrepreneur devient gérant d’une société commerciale à associé unique. La société existe en tant que personne morale : son patrimoine est distinct de celui de l’associé. Certes, il faut rédiger des statuts, déposer un capital social (1 € suffit), publier une annonce légale. Mais en contrepartie, la structure gagne en stabilité et protège mieux les biens personnels.
L’EURL, c’est aussi la possibilité d’ouvrir un jour le capital à d’autres associés : l’entreprise mute alors en SARL. La transmission des parts se gère avec plus de souplesse. Le choix du statut juridique engage bien plus qu’un formulaire : il dessine les contours de votre responsabilité, de votre fiscalité, et de l’avenir de votre activité. EI ou EURL, la question mérite d’être posée à la lumière de vos ambitions et de votre rapport au risque.
Quelles différences concrètes entre entreprise individuelle et EURL ?
Opter pour une entreprise individuelle (EI) ou une EURL, c’est trancher entre deux logiques. L’EI mise sur la simplicité administrative. Pas de capital à déposer, peu de formalités, une inscription rapide. L’entrepreneur ne fait qu’un avec son activité : la comptabilité reste allégée, la gestion intuitive. Depuis 2022, la responsabilité s’arrête aux biens professionnels, sauf en cas de faute lourde. Mais la transmission s’avère moins fluide : il faut vendre le fonds ou la clientèle, sans transfert complet de la structure.
L’EURL, elle, impose un cadre plus formel. Statuts à rédiger, capital à déposer, annonce légale à publier : la société naît juridiquement, indépendante de la personne de l’associé. À la clé : une protection accrue du patrimoine et une responsabilité strictement limitée aux apports, sauf gestion défaillante. Le revers : une comptabilité plus exigeante, des comptes annuels à déposer, des obligations renforcées.
Voici les principales différences à avoir en tête :
- Transmission : en EURL, la cession de parts simplifie le passage de relais, alors qu’en EI, il faut vendre le fonds ou la clientèle.
- Fiscalité : les deux sont par défaut imposées sur le revenu, mais une option à l’impôt sur les sociétés existe.
- Évolution : l’EURL peut s’ouvrir à de nouveaux associés et se transformer en SARL, l’EI reste une affaire personnelle.
Entre EI et EURL, le choix engage la stratégie : niveau de protection souhaité, perspectives de croissance, capacité à gérer une structure plus lourde.
Avantages et limites : ce que chaque statut peut apporter à votre projet
L’entreprise individuelle (EI) garde la faveur de ceux qui veulent aller vite. Pas de capital à réunir, pas de statuts à rédiger : la création d’activité se fait en quelques démarches. Pour qui privilégie la gestion directe et la simplicité, le régime micro-entreprise, accessible via l’EI, permet de calculer ses charges de façon forfaitaire, avec des obligations comptables réduites. Ce choix séduit les indépendants attachés à l’autonomie, prêts à accepter une transmission plus complexe et l’impossibilité d’intégrer des associés.
L’EURL, à l’inverse, exige plus de rigueur. Statuts, capital, formalités : la structure se construit sur du solide. Mais la protection du patrimoine personnel est nettement supérieure, la responsabilité cantonnée aux apports, sauf faute grave. L’option entre impôt sur le revenu et impôt sur les sociétés offre une marge de manœuvre pour gérer la fiscalité et la rémunération du dirigeant. Autre avantage non négligeable : la possibilité de passer en SARL simplement, en accueillant de nouveaux associés.
| EI | EURL |
|---|---|
| Formalités allégées | Structure évolutive |
| Patrimoine protégé (biens pro) | Responsabilité limitée aux apports |
| Transmission complexe | Cession de parts facilitée |
Le régime social reste identique : dans les deux cas, le dirigeant relève du statut de travailleur non salarié (TNS) affilié à la sécurité sociale des indépendants, sauf si un tiers gère l’EURL. Quant au régime de la micro-entreprise, il s’applique aisément à l’EI, et dans certains cas à l’EURL, rendant l’accès à l’activité indépendante encore plus souple.
Comment choisir le statut le plus adapté à votre situation d’entrepreneur ?
Déterminer le statut juridique adapté demande de regarder au-delà de la question des formalités. L’entreprise individuelle (EI) attire ceux qui veulent démarrer vite, sans capital, ni statuts compliqués. L’inscription sur le guichet unique de l’INPI se fait en quelques étapes, les coûts de lancement restent limités. Ce modèle s’adresse à ceux qui souhaitent exercer seuls, dans un cadre souple.
Pour une protection du patrimoine plus solide, l’EURL s’impose. La société possède sa propre personnalité juridique : seule la mise de départ est en jeu, sauf faute de gestion. Ce choix devient pertinent dès lors que l’activité prend de l’ampleur ou que les risques grossissent. Il faudra alors accepter des règles plus strictes : dépôt de capital, rédaction de statuts, comptabilité complète.
Un entrepreneur qui envisage d’associer d’autres personnes à son projet pourra évoluer vers une SARL sans tout recommencer. La transmission s’en trouve facilitée : il suffit de céder les parts sociales pour passer la main.
| Critère | EI | EURL |
|---|---|---|
| Simplicité de création | Oui | Non |
| Protection du patrimoine | Limitée (biens pro) | Totale (aux apports) |
| Évolutivité | Non | Oui (SARL possible) |
La question fiscale mérite aussi un examen attentif : la micro-entreprise allège la gestion, l’impôt sur les sociétés permet d’optimiser la rémunération. Le secteur d’activité, la trajectoire envisagée, l’appétence au risque : voilà ce qui, au fond, oriente réellement le choix.
Choisir entre EI et EURL, c’est plus qu’une formalité : c’est poser la première pierre d’une aventure qui vous ressemble. À chacun de décider du cap, en gardant en tête que la structure choisie peut, demain, devenir le tremplin d’une toute autre ambition.

