Un employeur ne peut pas demander à un candidat sa situation familiale lors d’un entretien d’embauche, sous peine de sanction. Pourtant, certaines questions continuent de circuler, entretenant la confusion autour des critères protégés par la loi.
Le Code du travail et la législation antidiscrimination encadrent strictement les motifs pouvant justifier une différence de traitement. Même en cas de doute sur un critère, la charge de la preuve peut basculer du plaignant vers l’auteur présumé d’une discrimination. Les conséquences juridiques pour l’entreprise ou l’administration sont immédiates et parfois lourdes.
Pourquoi certaines caractéristiques sont-elles protégées contre la discrimination ?
Le cadre juridique français entoure la notion de caractéristiques protégées d’une vigilance rigoureuse. Certaines particularités, âge, sexe, origine, état de santé, opinions, ne peuvent jamais justifier une décision défavorable à l’encontre d’un travailleur. Ce socle protège l’égalité de traitement, pilier du droit du travail, tout en répondant à des impératifs de santé publique.
L’employeur est donc tenu de garantir la sécurité et la santé physique et mentale de ses salariés. Cette responsabilité, inscrite dans le Code du travail, dépasse largement la simple prévention des risques matériels : elle englobe aussi les effets d’une discrimination, qui fragilise, isole, abîme le collectif et mine la performance. La souffrance née de comportements discriminatoires n’a rien d’anecdotique ; elle fissure la cohésion d’équipe et détériore le climat social.
Ce dispositif législatif s’inscrit dans la continuité des directives européennes, transposées en droit français, qui obligent les employeurs à protéger tous leurs collaborateurs sans discrimination. L’objectif ne varie pas : faire barrage à la moindre pratique discriminatoire, préserver la dignité de chacun sur le lieu de travail et garantir une justice équitable. Prévention, reconnaissance et respect de ces droits fondamentaux forment le socle d’une organisation solide, digne de confiance.
Les 9 critères principaux à connaître pour faire valoir ses droits
La prévention en entreprise s’appuie sur neuf principes phares, clairement énoncés à l’article L. 4121-2 du code du travail. Issus de la directive européenne 89/391/CEE et intégrés en droit français par la loi du 31 décembre 1991, ces critères structurent toute démarche de santé et sécurité au travail. Ils ne se résument pas à de simples intentions : chaque structure doit les appliquer, sous l’œil vigilant de la justice et de l’inspection du travail.
Voici les principes fondamentaux qui encadrent la prévention des risques :
- Éviter les risques : chaque fois que c’est possible, supprimez l’exposition au danger.
- Évaluer les risques qui ne peuvent être évités : mesurez leur portée et leur probabilité.
- Combattre les risques à la source : intervenez dès l’apparition du danger.
- Adapter le travail à l’homme : tenez compte des capacités et limitez la monotonie.
- Tenir compte de l’évolution technique : restez à l’écoute des innovations et intégrez-les.
- Remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est pas, ou moins : privilégiez la substitution et non la simple protection individuelle.
- Planifier la prévention : anticipez et organisez les actions dans la durée.
- Privilégier les protections collectives sur les individuelles : protégez le groupe en priorité.
- Donner les instructions appropriées aux travailleurs : informez, formez, impliquez chacun.
Ces neuf principes guident toutes les initiatives : de la rédaction du Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels à la sensibilisation des équipes. L’employeur doit s’en servir comme d’une boussole pour garantir la sécurité et la santé de chaque salarié. Faillir à ce devoir, c’est engager sa responsabilité devant les tribunaux.
Concrètement, comment réagir face à une discrimination ou un contrôle abusif ?
Face à une situation de discrimination ou à un contrôle abusif, la première action consiste à consigner les faits avec rigueur. Notez chaque incident, chaque remarque ou geste qui laisse transparaître une différence de traitement, en précisant la date, le lieu, les personnes impliquées. Ce recueil précis d’éléments factuels constitue une base solide pour toute démarche future.
Généralement, la procédure de signalement débute auprès du service des ressources humaines ou, selon la taille de la structure, du CSE (Comité social et économique). Leur mission : recueillir le signalement, mener l’enquête interne et protéger la confidentialité des échanges. Certaines entreprises ont mis en place des dispositifs anonymes ou des cellules d’écoute, preuve que la prévention ne reste pas lettre morte. Plus la communication interne est directe, sans faux-semblants, plus le traitement de ces situations gagne en efficacité.
Si le signalement reste sans suite ou si la réponse n’est pas à la hauteur, il reste possible de saisir la justice. Deux options existent : la procédure civile pour obtenir réparation, ou la procédure pénale pour sanctionner l’auteur du comportement discriminatoire. Les preuves accumulées, documents, échanges, formations suivies, éléments issus du DUERP, sont alors déterminantes.
La formation sécurité au travail et les programmes de sensibilisation jouent un rôle de soutien précieux. Ils permettent de comprendre la frontière entre un comportement acceptable et une dérive, et donnent les clés pour agir sans attendre. Quand la culture de sécurité est ancrée, le signalement devient plus naturel et les comportements déviants ne s’installent pas.
Ressources et conseils pratiques pour se défendre efficacement
De nombreux outils existent mais restent parfois dans l’ombre. Lorsque vous êtes confronté à une décision ou à un comportement discriminatoire, appuyez-vous sur les ressources institutionnelles : le Défenseur des droits joue un rôle central pour accompagner victimes et témoins. Son expertise permet d’orienter les plaintes, d’instruire les dossiers et de recommander des mesures correctives. L’appui d’un conseil syndical ou d’une association spécialisée peut aussi débloquer bien des situations et aider à mieux cerner les démarches à engager.
Former et sensibiliser, c’est la première protection. Comprendre le droit, les 9 critères protégés, c’est repérer plus vite les dérives et agir sans délai. Certaines entreprises déploient des modules spécifiques : lutte contre le harcèlement, égalité professionnelle, gestion du signalement. Cette diffusion alimente la culture de sécurité et solidifie la prévention.
Voici quelques leviers concrets à activer en cas de difficulté :
- D’abord, signalez la situation à la cellule RH ou au CSE pour enclencher un dialogue structuré.
- Le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP) doit être régulièrement actualisé : il sert de référence pour cartographier les risques et rappeler les obligations de l’employeur.
- Si le dialogue interne n’aboutit pas, saisissez la justice : tribunal judiciaire, procureur de la République, voire Cour de cassation selon la gravité et l’évolution du litige.
Appliquer rigoureusement les mesures de prévention fait reculer les accidents du travail et limite les maladies professionnelles. Les textes européens et français convergent sur un point : former, informer, communiquer, c’est préserver durablement droits et libertés au travail. Voilà ce qui distingue une organisation qui avance d’une structure qui s’essouffle.


